• 2010                       Le NOMBRIL                                   

     de Jean ANOUILH

      

    9 au 14 novembre  aux TANZMATTEN

     

          

     

      

    Cela fera 3 décennies que j’ai donné le coup d’envoi à ma troupe du Théâtre du Vieux Rempart et j’en tire une certaine fierté.

     

    Le public nous le rend bien et d’année en année je croise des spectateurs  qui nous « réclament ».  Encore récemment, alors que je rédige ces mémoires (janvier 2013 !), une dame m’interpelle dans la rue «  Monsieur, quand on vous voit, on pense théâtre !  et ça nous fait rêver ! »

     

    Pour marquer la date symbolique des 30 ans (1980 – 2010), je mets en scène la nouvelle production sans respecter le rythme bisannuel.

    Mais, avant de l’entreprendre, nous nous trouvons dans une situation difficile.  Ainsi, la Halle aux blés a été dévolue à l’Ecole de Musique et « on » ne nous propose aucune solution pour répéter et fabriquer notre spectacle.

     

    Heureusement, grâce aux relations de notre présidente, Anny MULLER, avec le monde économique, nous pouvons bénéficier de la mise à disposition d’un local des OUTILLAGES STRIEBEL. (Merci à M. et Mme Striebel !)

     

    Ouf ! mais je commence à réfléchir sur l’avenir du TVR sans moi. Tout est trop lourd à porter et à gérer quand on n’a pas un lieu à soi, à l’instar par exemple du CCA Théâtre alsacien.

     

    Mais venons-en à la nouvelle pièce..

     

    « Le Nombril » est l’ultime œuvre de Jean ANOUILH. Elle date de 1981. Elle sera créée à Paris avec dans le rôle principal, Bernard BLIER.

     

    Cataloguée « pièce farceuse » par l’auteur, nous voilà dans son univers très particulier  où l’esprit de Molière est présent de bout en bout.

     

    Léon Saint Pé, qui se prend comme bien d’autres pour le centre du monde, est un auteur à succès en mal d’inspiration. Sa nouvelle pièce va se développer en s’appuyant sur le quotidien, sur sa propre histoire, permettant de régler ses comptes avec divers milieux qui le rendent souvent ronchon et fielleux. Christian FRUCHART  « s’y colle », avec une énergie, une verdeur et un art consommé des nuances.

     

     

    Tous les importuns ne cherchent qu’à lui soutirer de l’argent.

    D’abord la famille : Fabiola BROCK est l’épouse, Ardèle, délaissée mais qui profite de la situation et a l’attitude hautaine à souhait pour mépriser son mari ;  la fille aînée Marie-Christine jouée par Agnès VEUILLERMET va sur les traces de sa mère, alors que la cadette Lucie portée par Sandrine MURA se la joue très branchée, Laurent BEY dans le rôle du fils Arthur est intimidé par la gloire de son père. Enfin, Bernard le gendre où Thierry LOSSER est à l’aise, complète ce tableau d’une famille bourgeoise habituelle. Tout ce petit monde est en guerre contre Léon car ce dernier ne se sent bien qu’avec sa jeune maîtresse Joséphine, où Adeline TONNELIER apporte jeunesse et décontraction. (C’est son 1er passage au TVR)

     

     

     

     

     

     

     

     

      

    J’ai plaisir à rappeler une scène drolatique, celle des gifles que s’envoient les uns aux autres les membres de la famille, mais aussi un moment tendre quand au lit Joséphine exprime ses doutes et ses rancoeurs à Léon endormi (ou qui fait semblant).

     

    Il y a ensuite le docteur  THÉO se régale et nous avec. L’ami Léon est malade. Il traverse toute la pièce avec un gros pansement de goutteux. Bien entendu le toubib se soucie plus de sa carrière que des « bobos » de Léon. Mais il ne veut pas lâcher un patient célèbre et fortuné. Comme les fameux médecins de Molière !

     

     

     

    Autre milieu, autre personnage, les coups volent bas entre auteurs. Encore que Gaston a de l’admiration pour son copain d’enfance Léon et ses succès. Mais, lui aussi écrit, dans le « genre » avant-garde, ce que le vieux Saint Pé déteste,  et le pire arrive : le copain moyennement considéré obtient le Goncourt ! Cédric BAECHLER est chafouin et pédant à souhait. Il garde cependant une grande naïveté le jour de sa gloire puisqu’il va le partager avec son vieil « ami ».

     

     

     

     

    Claire LAUTH marque bien son personnage dans le rôle de la bonne digne dans sa fonction mais très consciente qu’elle sert dans une maison de fous.

    Enfin, 2 personnages de déménageurs, le vieux Michel LITZLER et le jeune Pierre-Jean ARBONA d’un mutisme complet  font leur boulot sans trop se poser de questions. Ils n’en pensent pas moins notamment dans une scène où ils livrent un cercueil. Encore une dinguerie de Léon qui veut voir l’effet que ça fait !

     

     

     

    La fin est une sorte de « battle » comme on dit aujourd’hui. Sous les flashs des photographes de presse, les invectives pleuvent entre les deux écrivains sur un rythme de valse échevelé et c’est la « miss Joséphine » qui s’imposera, maligne, entre les deux barbons. À elle, la une des journaux et un peu de célébrité ! 

     

     

     

     

    Martine MISSEMER crée un décor d’intérieur bourgeois émaillé de trompe-l’œil très réussis et un espace qui fait théâtre dans le théâtre. Son affiche également est dans le ton : Christian FRUCHART apparaît ouvrant un magnifique rideau de scène. Bref, il fait déjà son théâtre ! et moi, grâce à la bande son, je l’accompagne quand le personnage prend corps sur scène avec la chanson de Bécaud « Qu’il se lève le rideau rouge du théâtre de maintenant… »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Comme toujours, ils mettent leur talent et leur compétence pour mener au succès : AGATHE, ANNY et FABIOLA aux maquillages, OLIVIER  aux coiffures,  Marie-Paule EGELE et ANNY aux costumes, Christophe KAM à la régie accompagné par André PAVET et Virgile PATES.

     

    @ l’œil en coulisse

     

    # L’installation d’un lit « debout » pour la scène intime, comme si le spectateur avait une vue plongeante, est une idée exploitée dans les années 60 pour une courte pièce de mon frère Gabriel « La Flûte ».

     

    # À souligner qu’une fois encore – comme pour l’Augmentation, les Affaires sont les affaires, Samedi, Dimanche et Lundi – cette œuvre est remise au programme de l’un ou l’autre théâtre parisien un peu plus tard. Les grands esprits se rencontrent !! Ainsi Francis Perrin monte en 2012 « Le Nombril » et interprète le rôle principal.

     


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